En classe à l’écurie
L’imagination et l’initiative pédagogique ne manquent pas à l’école de la Clé-des-Champs de Dunham. La preuve? Nancy Gauthier, enseignante en 4e année, prévoit transmette des notions académiques avec l’aide de son assistant, «Passe-Partout», un poney de 30 ans!
L’année dernière, l’enseignante a réalisé un projet pilote dans une écurie qui consistait à enseigner des notions à quatre écoliers avec le soutien d’un poney. L’expérience a fait boule de neige et la professeure compte offrir un programme d’apprentissage de huit semaines à tous les élèves de sa classe le printemps prochain.
Selon Mme Gauthier, l’écurie et la présence d’un compagnon de classe à quatre pattes permettent de capter et de susciter l’intérêt des enfants. «Ce n’est pas de la zoothérapie, car le projet est conçu pour tous mes élèves. Contrairement aux programmes actuels, ce projet est une innovation pédagogique très originale qui ouvre des avenues pédagogiques très prometteuses», mentionne la jeune enseignante.
La réalisation de ce projet a demandé beaucoup d’effort en recherche de financement. Grâce à sa détermination, Mme Gauthier a réussi à amasser la somme désirée pour mener son projet à terme. «Afin de défrayer les coûts nécessaires, je devais amasser 3 000$. La Caisse populaire Desjardins de Brome-Missisquoi, la Ville de Dunham, l’école de la Clés-des-Champs ainsi qu’un important donateur anonyme ont grandement contribué à la réalisation de mon projet. Mireille Bourbeau, la propriétaire de l’écurie, nous prête gracieusement les lieux. Nous avons aussi organisé un Bazar de Noël lors de la remise des bulletins en novembre, où tous les enfants ont vendu des pâtisseries concoctées d’eux-mêmes», explique l’enseignante, qui souhaitait réduire au maximum les frais chargés aux parents.
Pour vivre l’expérience en écurie, un montant de 18$ a été exigé aux parents des élèves. «C’est important que les élèves s’impliquent dans le processus afin de comprendre que cette activité demande beaucoup de temps et d’argent», ajoute Nancy Gauthier.
L’enseignante soutient que la majeure partie fonds amassés depuis plusieurs mois serviront à payer de la suppléance, afin qu’elle puisse se rendre à l’écurie, située à deux pas de l’école, durant les heures de classe.
«Je vais devoir passer plusieurs heures à l’écurie, car je ne peux accueillir que de petits groupes de quatre à cinq élèves à la fois. J’aurai donc besoin de quelqu’un pour me remplacer à l’école et pour l’instant, cette dépense ne peut être assumée par l’école ou la commission scolaire» explique Mme Gauthier.
L’enseignante devra également penser à restructurer ces cours en fonctions du lieu et de l’animal. «On ne va pas à l’écurie pour faire de l’équitation, ni câliner le cheval. Les élèves verront plusieurs matières telles que le français, les mathématiques, les sciences et l’éthique. Tous les exercices qu’ils accompliront seront basés sur ce qui se trouve autour d’eux. En science, nous abordons les besoins de l’animal et je fais le parallèle avec les besoins d’un être humain. J’utilise le contexte de l’écurie pour poser des problèmes mathématiques, comme les sacs de grains pour travailler les nombres décimaux. Et en français, ils rédigeront un journal de bord» donne-t-elle en exemple.
Mme Gauthier ne cache pas son intérêt de transformer cette belle initiative en projet de maîtrise universitaire. «Je prends beaucoup de notes. L’an dernier, j’ai constaté qu’en peu de temps, les résultats des quatre élèves s’étaient considérablement améliorés. Ça semble être aussi bénéfique pour l’estime de soi. Certains élèves s’extériorisent dans un lieu différent d’un établissement scolaire. Je crois que ceci pourrait être un beau projet d’étude», conclut l’enseignante.