Frances Champigny a dû tout recommencer à zéro

RENAISSANCE. Il y a 25 ans, la vie de Frances Champigny basculait complètement à la suite de complications liées à une intervention chirurgicale. La jeune femme a dû tout réapprendre, du jour au lendemain, à la façon d’un bébé naissant.

La Cowansvilloise avait 34 ans, un mari, deux enfants et un bon emploi dans la fonction publique fédérale quand le mauvais sort l’a frappée de plein fouet. Une simple intervention chirurgicale qui a mal tourné.

 Après la destruction des cellules actives de son cervelet, la dame a passé un mois dans le coma, puis onze mois en réadaptation à l’hôpital d’Youville de Sherbrooke.

«À ma sortie du coma, je dormais 23 heures sur 24. Après un certain temps, j’ai commencé à me lever et à me déplacer, en chaise roulante d’abord (pendant six ou sept mois), puis avec une marchette (pendant trois autres mois). Apprendre à marcher quand on est haut comme trois pommes, c’est une chose, mais faire la même chose du haut de ses cinq pieds et quatre pouces, c’en est une autre. Le centre de gravité n’est pas à la même place. Au début, je marchais sur les talons, car je ne réussissais pas à mettre la pointe du pied à terre», précise-t-elle.

Et, comme si ce n’était déjà pas assez, cette dernière a également dû réapprendre à parler, manger, écrire et s’habiller.

«Au début, on me donnait des glaçons pour éviter que je me déshydrate. Avec le temps, j’ai finalement pu recommencer à boire sans m’étouffer», signale-t-elle.

Au fil des mois et des années, la situation de Mme Champigny s’est améliorée petit à petit, mais de façon constante. Une amélioration de 15 % à 20 % en un quart de siècle, au dire de la principale intéressée.

«Quand je me compare à une personne aux prises avec une maladie dégénérative, je me trouve chanceuse car ma situation s’améliore au rythme d’un demi ou d’un pour cent par année», précise la Cowansvilloise qui franchira bientôt le cap des 60 ans.

Implication communautaire

Frances Champigny aurait très bien pu se replier sur elle-même et vivre à l’écart de la société, mais ce n’était pas dans sa nature!

Déjà impliquée au sein des comités d’école et de certaines associations sportives (club de patinage artistique, club de natation, etc.) avant son accident, cette dernière n’a pas tardé à reprendre du service en qualité de bénévole.

«Au bout de cinq ou six ans, j’ai repris ma vie en main et j’ai commencé à m’impliquer de nouveau. Comme je n’étais plus en mesure de travailler, l’engagement bénévole est devenu ma raison d’être. Certains m’ont déjà dit à la blague que j’étais tombée malade exprès pour pouvoir donner un coup de main aux organisations qui en avaient besoin», lance-t-elle, sur un ton mi-sérieux, mi-blagueur.

Mme Champigny a offert ses services à la coordonnatrice de l’Association des personnes handicapées physiques de Cowansville et région (APHPCR), Diane Côté Coderre, au milieu de l’année 1995. Dès l’année suivante, elle s’est jointe au bureau de direction de l’organisme et a gravi les échelons petit à petit. Sa  principale réalisation au sein de ce regroupement: la promotion de l’accessibilité universelle sur le territoire de Brome-Missisquoi et la création de six guides répertoriant les édifices publics offrant diverses facilités et services aux personnes en perte de mobilité.

La Cowansvilloise d’adoption est membre du conseil d’administration du Groupement d’association de personnes handicapées de Richelieu-Yamaska (GAPHRY) depuis huit ans et de l’Office des personnes handicapées du Québec depuis deux ans. Elle siège par ailleurs sur le Comité consultatif pour la politique d’accessibilité de la Ville de Cowansville et sur le Comité consultatif du service de transport adapté et collectif de la MRC de Brome-Missisquoi.

Frances Champigny a également trouvé le temps de s’impliquer au sein du bureau de direction de la Chambre de commerce de Cowansville et région (huit ans), de la Corporation de  développement communautaire de Brome-Missisquoi (six ans), du Regroupement soutien aux aidants de Brome-Missisquoi (cinq ans) et de la Maison communautaire de Farnham (depuis 15 ans). Cette bénévole d’exception est par ailleurs été active au sein du Club des Lions de Cowansville depuis 20 ans.

Et, comme les défis ne lui font pas peur, Mme Champigny a notamment sauté en parachute à l’école Nouvel Air à trois reprises dans le cadre d’une activité de financement et de sensibilisation de l’APHPCR (aujourd’hui l’APHPBM). Elle a également fait du ski alpin avec l’Association des skieurs handicapées de l’Estrie (aujourd’hui la Fondation des sports adaptés) pendant 17 ans tout en y oeuvrant comme bénévole.

«Je dis merci à la communauté – surtout celle de Cowansville – pour son support inlassable. Vous avez facilité mon cheminement dans un univers pas toujours adapté à la réalité des personnes handicapées. Vous avez accepté mon changement de statut avec compréhension, empathie et encouragement. Vous m’avez soutenu dans mes épreuves tout en partageant mes réussites. Je ne vous dirai jamais assez merci», poursuit celle qui se dit handicapée et amoureuse de la vie, paraphrasant ainsi le slogan de la Journée mondiale pour les personnes handicapées que l’on célèbre aujourd’hui.