Intensité des déversements d’eaux usées par habitant: Farnham et Bedford dans le top 15 du palmarès

ENVIRONNEMENT. Trois municipalités de la MRC de Brome-Missisquoi figurent parmi les pires du Québec au chapitre de l’intensité des déversements d’eaux usées par habitant, selon un classement établi par la Fondation Rivières.

La province a été le théâtre de 57 263 débordements entre janvier et décembre 2022. En 2021, une année marquée par de très faibles précipitations, on n’en avait dénombré que 36 391.

Farnham a connu 241 incidents au cours de la période sous étude et se classe au huitième rang provincial pour l’intensité des déversements par habitant avec un indice de 54,14.

La Ville de Bedford, avec 216 incidents et un indice de 35,25, arrive au 14e rang alors que Cowansville suit de très près avec 171 incidents et un indice de 34,39 pour le 16e rang. (1)

La durée des déversements fluctue également d’une municipalité à l’autre : 1645 heures pour Cowansville, 1510 heures pour Farnham et 1248 heures pour Bedford.

Selon les auteurs de l’étude, il est utile de normaliser les données par le nombre d’habitants de chaque municipalité, car ça permet de comparer avec plus de justesse les municipalités les unes par rapport aux autres.

Impacts des déversements

Le palmarès de la Fondation Rivières met en relief les villes ayant un problème avec les volumes à traiter et leur système de traitement des eaux.

L’organisme signale que les déversements d’eaux usées présentent une menace pour les espèces aquatiques et, plus largement, pour la biodiversité. Les déversements peuvent nuire aux espèces aquatiques en les exposant à des microbes et en les privant d’oxygène.

Les rejets affectent également les prises d’eau potable et font grimper la facture du traitement si les prises d’eau potable se trouvent à proximité des rejets.

En raison des risques d’exposition à la bactérie E. coli présente dans les eaux usées, les déversements limitent également la baignade et les activités nautiques.

Mesures correctives

De façon générale, les municipalités de Brome-Missisquoi ont commencé à remplacer leur réseau unitaire (eaux usées et eaux de ruissellement dans une seule et même canalisation) par un réseau séparé (eaux usées et eaux de ruissellement dans des canalisations distinctes) au cours des années 1990.

Les maires de Farnham et de Bedford, Claude Dubois et Patrick Melchior, s’entendent pour dire que la mise à niveau des infrastructures souterraines coûte une fortune et que les municipalités font ce qu’elles peuvent avec les fonds dont elles disposent.

« Les élus ne sont pas insouciants et sont les premiers à reconnaître l’importance de protéger l’environnement. Rester les bras croisés n’est pas une option », indique M. Melchior.

Initiatives de Farnham

Patrick Melchior prend soin de rappeler que Farnham est une vieille ville et que son réseau d’égout n’est plus très jeune.

« Ça prend beaucoup d’argent pour corriger la situation et les municipalités travaillent fort pour obtenir une aide financière accrue du gouvernement du Québec », affirme-t-il.

Le maire de Farnham laisse entendre que les mesures correctives mises en place pour dépolluer les cours d’eau (règlement interdisant le branchement des gouttières au réseau d’égout, programme de subvention pour l’aménagement des jardins de pluie, modifications apportées aux déversoirs municipaux, etc.) commencent à porter fruit.

M. Melchior est par ailleurs d’avis que la séparation des réseaux d’égouts de la rue Jacques-Cartier contribuera à améliorer la situation de façon significative. (2)

« Farnham devrait faire meilleure figure dans le prochain classement de la Fondation Rivières. En 2023, notre municipalité a connu 70 déversements d’eaux usés entre juin et septembre comparativement à 103 durant la même période l’an dernier », précise-t-il.

Initiatives de Bedford

Claude Dubois indique les débordements d’eaux usées dans la rivière aux Brochets préoccupent les membres de son administration et que la Municipalité a déjà pris diverses mesures au fil des ans pour améliorer la situation. (3)

« Le remplacement des canalisation uniques se fait graduellement au fur et à mesure que l’on refait les fondations de rue. Ces dernières années, la Ville a procédé à l’installation d’égouts séparés sur les rues Dutch, Clayes, des Pins, Philippe-Côté, de la Plaisance et sur le boulevard de la Victoire », résume-t-il.

Au cours des dernières années, Bedford a notamment profité de la réfection de la rue Campbell pour y aménager une bande gazonnée avec arbres qui contribue à la rétention des eaux pluviales. Le stationnement du centre communautaire a également été refait de façon écologique et la Ville a participé au programme d’infrastructure verte pour la réduction des surfaces imperméables de la rue Massicotte.

La Ville a par ailleurs modifié sa réglementation de façon à interdire l’écoulement des eaux de pluie recueillies par les gouttières dans le réseau d’égout municipal. Elle a par la suite implanté un programme de subvention pour l’aménagement des jardins de pluie (six propriétaires participants la première année) avec la participation de l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi.

(1) Il convient de noter que les statistiques de Cowansville incluent celles d’East Farnham et les statistiques de Bedford incluent celles de Stanbridge Station.

(2) Environ 60 % du réseau d’égouts de Farnham est séparé et 60 % est unitaire.

(3) Environ 60 % du réseau d’égouts de Bedford est séparé et 60 % est unitaire.

Nombre de déversements

. Farnham : 62 en 2029, 90 en 2020, 175 en 2021 et 241 en 2022

. Bedford : 354 en 2029, 184 en 2020, 135 en 2021 et 216 en 2022

. Cowansville : 509 en 2029, 254 en 2020, 45 en 2021 et 171 en 2022