La population de martinets ramoneurs a chuté de 92 % en 40 ans

BIODIVERSITÉ. Dans les années 70 et 80, des milliers de martinets ramoneurs sillonnaient le ciel de Cowansville au crépuscule à la recherche d’insectes. On n’en voit presque plus signale Bertrand Hamel, un ornithologue local.

Selon un récent rapport d’Environnement Canada, le nombre d’individus a diminué de 92 % en une quarantaine d’années, soit de 1970 à 2012.

«Au Québec, il ne resterait guère plus que quelques milliers de couples nicheurs de martinet ramoneur. L’espèce est maintenant désignée menacée, et elle est protégée en vertu de la Loi sur les espèces en péril au Canada», précise le Regroupement QuébecOiseaux dans Recommandations à l’intention des municipalités pour  la protection du Martinet ramoneur, un document publié en décembre dernier.

Le Club des ornithologues de Brome-Missisquoi (COBM) a dénombré 94, 140, 100 et 5 individus dans la cheminée-dortoir de l’école primaire Saint-Léon de Cowansville les 20, 24, 28 mai et 1er juin 2015 dans le cadre d’un recensement provincial. Le mauvais temps expliquerait la petite quantité de martinets recensée lors de la dernière soirée d’observation. Un dortoir servant de refuge à une dizaine d’autres sujets a par ailleurs été repéré au Relais de la diligence, à Dunham.

«C’est un spectacle unique de voir une centaine d’oiseaux tournoyer autour d’une cheminée pour finalement y entrer en groupe jusqu’au dernier quand il fait presque noir», signale Ghislaine Delisle, du COBM, dans un article consacré à cet oiseau au petit corps sans queue qui ressemble à s’y méprendre à un cigare volant.

Les martinets arrivent au Québec vers la mi-mai et repartent dès le mois d’août. Ils volent très haut et émettent un petit cliquetis caractéristique.

«À leur arrivée, les individus se rassemblent dans des cheminées-dortoirs pour passer la nuit et se protéger des intempéries. Puis, pendant la saison de nidification, les oiseaux se dispersent et chaque couple revient installer son nid dans la même cheminée année après année», explique M. Hamel.

Causes du déclin

Selon le Regroupement QuébecOiseaux, les causes exactes du déclin du martinet ramoneur ne sont pas toutes connues.

«Les changements des populations d’insectes, les conditions météorologiques défavorables et la perte d’habitat reliée à une diminution constante du nombre de cheminées disponibles figurent parmi les causes les plus probables», précise le document.

«Beaucoup de cheminées en mauvais état ont été détruites au fil des ans. De nouvelles pratiques concernant l’aménagement des cheminées (présence d’un chapeau, d’un pare-étincelles, d’une gaine métallique) sont également en cause», ajoute l’ornithologue Bertrand Hamel.

«Au Québec, le nombre de sites de nidification est très limité, on estime qu’il restait, en 2007, environ 3 000 cheminées ayant les caractéristiques pour accueillir la nidification du martinet ramoneur (…) Seulement 60 % des martinets adultes en âge de se reproduire arrivent réellement à le faire. Dans ce contexte, la protection de chaque cheminée et de chaque site de nidification revêt donc une importance pour la survie de la population», insiste le Regroupement QuébecOiseaux.

L’organisme y va d’une série de huit recommandations à l’intention des municipalités (périodes restrictives pour le ramonage des cheminées, programme d’aide financière à la rénovation des cheminées de maçonnerie, campagnes d’information et de sensibilisation auprès des citoyens, conservation des arbres morts de plus 50 cm de diamètre, etc.).

Les lecteurs que le sujet intéresse sont invités à assister à une conférence de la biologiste Geneviève Perreault, du Regroupement QuébecOiseaux, le samedi 9 avril à 13h30, au Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin (rue Drummmond à Granby). Une invitation des clubs d’ornithologie de la région.

Le COBM organise par ailleurs une soirée d’observation du martinet ramoneur, le jeudi 2 juin, dès 19h, à l’école Saint-Léon. Pour information: Ghislaine Delisle, 450-263-4556.