Lac Champlain: les candidats se mouillent

ENVIRONNEMENT. Les six candidats de Brome-Missisquoi étaient réunis dans une même salle, vendredi dernier, à Saint-Armand. Une première dans cette campagne électorale.

Répondant à l’invitation des maires de la région, les six adversaires ont défendu à tour de rôle la position de leur parti sur la qualité des plans d’eau, y allant parfois de quelques propositions de leur cru.

Première à prendre la parole, Cindy Moynan, du Parti vert, a notamment indiqué que 38 % du phosphore présent dans le lac Champlain provient des terres agricoles. À ses yeux, l’accès des animaux de ferme aux plans d’eau pose également problème.

«Nous savons ce qu’il faut faire pour corriger la situation, mais ça prend de la volonté politique pour y parvenir, ça prend un gouvernement qui n’a pas peur d’agir», a-t-elle tenu à ajouter.

Patrick Payne, de Force et Démocratie, affirme que l’on ne peut pas régler les problèmes du lac Champlain sans s’attarder aux problèmes de survie des agriculteurs.

«La clé, c’est que les agriculteurs respectent les règles en vigueur. Ils pourraient notamment utiliser des méthodes de fertilisation plus écologiques, mais craignent une perte de rendement. Il leur sera d’autant plus facile d’être écoresponsables si le gouvernement les protège en refusant de céder aux pressions des autres pays dans le dossier de la gestion de l’offre», soutient M. Payne.

Ce dernier suggère également au gouvernement de redonner plus d’argent aux municipalités pour leur permettre de payer le salaire des inspecteurs chargés de faire respecter la réglementation.

La néodémocrate Catherine Lusson rappelle que la pollution de l’eau est un enjeu majeur, car celle-ci a un impact sur l’économie, le tourisme, la valeur des propriétés, la santé, la baignade…

«Il faut mettre de l’avant une stratégie canadienne de l’eau, investir dans les infrastructures publiques, restaurer la loi sur l’évaluation environnementale, poursuivre les travaux de la Commission mixte internationale et donner suite au plan de l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi», insiste-t-elle.

La candidate du NPD propose également de «travailler avec les agriculteurs sur les changements climatiques» et de les soutenir dans le processus d’adaptation vers une agriculture plus verte.

Le libéral Denis Paradis signale que son retour en politique est d’abord et avant tout motivé par la mauvaise qualité de l’eau du lac Champlain et la menace qui pèse sur le lac Memphrémagog avec le projet d’agrandissement du site d’enfouissement de Coventry, près de Newport au Vermont.

Le candidat du PLC se dit particulìèrement préoccupé par l’état de la baie Missisquoi, «qui a présentement les allures d’une soupe aux pois nauséabonde». Il prend soin de rappeler que les municipalités de Bedford, Stanbridge Station et Philipsburg puisent leur eau potable dans le lac Champlain.

Selon M. Paradis, la bonification du programme d’infrastructures proposée par son parti (ajout de 60G $ sur dix ans) aiderait à combler «les besoins criants» des municipalités de Clarenceville (10M $), Venise-en-Québec (10M $), Frelighsburg (8M $) et Notre-Dame-de-Stanbridge (1M $ à 2M $) en matière environnementale.

Le conservateur Charles Poulin rappelle que le quart des lacs de l’Estrie doit composer avec des problèmes récurrents de cyanobactéries depuis environ huit ans.

«La crise des algues bleues de 2006 a sensibilisé les gouvernements et la population à cette problématique. Les propriétaires riverains ont fait un travail incroyable pour régénérer les rives des plans d’eau en multipliant les plantations d’arbres», précise M. Poulin.

Le candidat du PC ajoute que le programme ÉcoAction, soutenu par son parti, a injecté 44M $ et soutenu 1 098 projets touchant l’eau, l’air, les milieux naturels et les changements climatiques depuis 2006.

«Les électeurs doivent se demander qui est le meilleur vendeur pour aller frapper aux portes et trouver les fonds dont les municipalités et les organismes environnementaux ont besoin», poursuit-il.

Patrick Melchior laisse entendre que ce n’est pas d’hier que le Bloc québécois s’intéresse à l’environnement, faisant référence au projet de loi C-469 présenté en 2008 par ce parti dans le but d’interdire la présence de phosphate dans les détergents.

Le candidat du Bloc estime que le gouvernement canadien aurait tout avantage à cesser de subventionner les pétrolières et de réinjecter cet argent dans des programmes de protection des lacs et des forêts. Selon lui, le projet-pilote des bandes riveraines en milieu agricole devrait notamment être reconduit.

«Notre formation politique est prête à appuyer le gouvernement en place s’il a un plan concret pour lutter contre la pollution des cours d’eau et les autres problèmes de nature environnementale», ajoute M. Melchior.