L’aréna de Bedford en sursis
URGENCE – La Ville de Bedford devra apporter des améliorations importantes à son aréna dans un an ou deux, mais refuse de payer la totalité de la facture. L’administration Lévesque entend rencontrer les maires des sept municipalités voisines, à la fin février, pour leur soumettre un projet de partage des coûts de réfection et d’entretien du bâtiment.
«La survie de l’aréna va dépendre de l’implication de nos divers partenaires. Il faut que les autres municipalités embarquent dans le projet de mise à niveau des installations et pas seulement de façon symbolique», insiste Yves Lévesque.
Le maire de Bedford, qui joue au hockey deux fois par semaine en plus d’avoir été arbitre et entraîneur au sein de l’Association du hockey mineur, entend tout mettre en œuvre pour éviter la fermeture de l’aréna, mais laisse entendre que la municipalité n’aura peut-être pas le choix.
«Bedford a quatre options sur la table: augmentation des tarifs, diminution des coûts, partage des coûts ou fermeture des installations. À chaque fois que la Ville a augmenté les coûts d’inscription, le nombre d’usagers a diminué. Il faudrait donc envisager une autre solution», indique M. Lévesque.
En 2014, les coûts d’entretien de l’aréna se sont élevés à 397 972 $ (453 480 $ en incluant une partie du salaire du directeur des Travaux publics qui gère l’édifice) pendant que les revenus se chiffraient à 192 003$.
«On parle d’un déficit d’opération de 261 477 $ et cette somme n’inclut pas les frais d’amortissement. Cet argent-là, la Ville de Bedford ne peut pas l’utiliser ailleurs», affirme M. Lévesque.
Une partie des cotisations versées par les joueurs de hockey (clientèles jeune et adulte), de ballon-ballai (clientèle adulte) et les patineurs (CPA, club de synchronisme et patinage libre) à leur association respective est utilisée pour payer les heures de glace. La municipalité tire également un revenu du restaurant (loyer) et des écoles utilisant l’aréna durant les heures de classe.
«Bedford n’est pas un cas isolé. Il n’y a peut-être que 5 % des 438 arénas du Québec qui sont rentables. Mais, les villes ne doivent pas seulement voir cela comme une dépense, mais comme un investissement qui contribue à retenir les gens en place et à attirer de nouvelles familles», affirme le directeur de l’aréna, Paul Boulay.
Investissements requis
Si le déficit d’opération de l’aréna pose problème, son état de détérioration avancé suscite également de grandes craintes.
«L’aréna a été construit en 1973 et a déjà franchi le cap des 40 ans, alors que l’espérance de vie de la dalle de béton ne dépasse guère 30 ou 35 ans. Les conduites du système de réfrigération brisent régulièrement et nos employés doivent faire des miracles pour les réparer. E comme si ce n’était déjà pas assez, les extrémités de la dalle de béton lèvent de cinq pouces avec le gel avant de redescendre durant la saison chaude. Ça se voit à l’œil nu», résume M. Lévesque.
Le directeur de l’aréna prend soin de rappeler que les réparations demandent du temps et occasionnent leur lot d’inconvénients.
«Les tuyaux d’ABS durcissent avec les années et deviennent de plus en plus fragiles. Ils brisent comme de la vitre. Quand une conduite de saumure perce, il faut scier le ciment, remplacer le tuyau, effectuer une soudure et refaire du ciment. Et si plusieurs conduites brisent en même temps, on perd la glace et on scrap une partie de la saison. Ce n’est pas agréable pour personne, tout spécialement pour les équipes du hockey mineur qui ont déjà un calendrier très chargé», explique M. Boulay.
Il convient également de rappeler que les municipalités du Québec ont jusqu’en 2020 pour remplacer le système de réfrigération de leur aréna par des installations plus performantes et moins polluantes.
Selon le maire de Bedford, la mise à niveau de l’aréna pourrait coûter entre 3M $ (avec système de réfrigération R-404) et 4M $ (avec système de réfrigération à l’ammoniac). Ce montant inclut l’installation de la dalle de béton, la mise en place du nouveau système de réfrigération, le remplacement des bandes et des baies vitrées.
«Le système à l’ammoniac est plus coûteux, mais a zéro impact sur l’environnement. Son utilisation permet de réduire les coûts d’opération, car il consomme moins d’énergie et permet de récupérer la chaleur pour chauffer le bâtiment et préchauffer l’eau utilisée par la resurfaceuse. Selon les experts, il est possible de récupérer notre investissement en sept, huit ou dix ans grâce aux économies d’énergie», indique M. Boulay.
Selon les deux hommes, la plupart des nouveaux arénas seraient pourvus d’un système de réfrigération à l’ammoniac.