Les chauffeurs de Bedford insatisfaits des offres patronales

TRANSPORT. Les négociations entre la compagnie Transport scolaire Sogesco et les chauffeurs de sa filiale Autobus ABC de Bedford en sont au point mort… et le temps commence à presser!

Sans contrat de travail depuis le 31 août 2015, les 26 employés concernés ont donné un mandat de grève à leur exécutif syndical le 5 avril dernier. Pas moins de 95 % d’entre eux se sont prononcés en faveur de ce moyen de pression.

«Le comité syndical déterminera en temps et lieu la date d’entrée en vigueur de cet arrêt de travail. On parle ici d’une grève générale illimitée qui devrait être déclenchée durant la présente année scolaire avec, comme objectif ultime, un règlement avant la période des examens de fin d’année. Tout doit être mis en œuvre pour éviter que les enfants ne soient pris en otage», résume Sylvie Duval, de la section locale des Teamsters.

La porte-parole de l’entreprise, Line Langlois, confirme qu’il n’y a pas eu de rencontre entre les deux parties depuis près de trois semaines. Selon elle, les négociations ne sont pas rompues pour autant et la compagnie a toujours espoir d’en arriver à une entente négociée.

«On a toujours eu de bonnes relations avec les membres du personnel», soutient Mme Langlois.

Points en litige

Les employés réclament une entente de trois ans avec des hausses salariales de 4 % la première année (2015-2016) et de 2,5 % les deux années subséquentes. L’employeur préfèrerait plutôt une entente de cinq ans avec gel de salaire la première année et hausse de salaire basée sur le montant de l’indexation accordée par la commission scolaire pour les années subséquentes.

«Comme l’indexation qui nous est allouée par Québec varie d’une année à l’autre – de 0,3 % en 2010-2011 à 2,91 % en 2012-2013 – notre entreprise peut difficilement se permettre d’accorder une hausse de salaire fixe. Il est par ailleurs déjà établi que nous aurons droit à une augmentation de 1,13 % pour la prochaine année scolaire», insiste la porte-parole de Transport scolaire Sogesco.

Les parties divergent d’opinion sur trois autres points. L’employeur préconise une période de paye aux deux semaines alors que les employés souhaitent plutôt continuer à recevoir leur paye sur une base hebdomadaire.

Les chauffeurs demandent également le statu quo sur le plancher d’emploi (200 jours de travail garantis en incluant les journées pédagogiques). De son côté, l’employeur souhaite inclure la journée de la rentrée scolaire et les trois congés de maladie dans le plancher d’emploi de 200 jours.

«Pour nos membres, ça équivaudrait à une perte salariale de quatre journées par an», signale Mme Duval.

Line Langlois voit les choses d’un autre œil…

«L’an dernier, notre entreprise a donné 6 % de plus en salaires et bénéfices marginaux que ce qu’elle a reçu en indexation. Il convient de rappeler que les chauffeurs sont payés pour 200 jours même s’ils n’en travaillent que 180. De plus, leur taux horaire de 19,92 $ / heure n’a rien de comparable au salaire minimum», fait valoir la porte-parole de Transport scolaire Sogesco.

Port d’attache

Les employés de la filiale Autobus ABC veulent par ailleurs s’assurer que le port d’attache des véhicules demeurera à Bedford alors que l’employeur aimerait avoir plus de souplesse à ce chapitre.

«Les chauffeurs ont été embauchés pour le port d’attache de Bedford. Certains d’entre eux sont attitrés au même circuit depuis plus de 20 ans. Ils connaissent les parents et les enfants, bien souvent par leurs nom et prénom. Pour un employé dans la cinquantaine ou dans la soixantaine, cumulant de 15 à 25 ans d’ancienneté, l’attribution d’un nouveau circuit équivaudrait à un changement radical», explique la porte-parole des Teamsters.

Cette dernière estime également que les syndiqués seraient pénalisés si les autobus étaient stationnés à l’extérieur de Bedford.

«La plupart des employés habitent Bedford ou une localité voisine, non loin du stationnement des autobus actuel. Certains devraient se taper jusqu’à 30 km de route en voiture pour aller au travail si le port d’attache était déplacé à Cowansville. Ça n’a aucun sens», renchérit Mme Duval.

Line Langlois tient à rappeler que les transporteurs sont rémunérés à partir du moment où un élève prend place dans l’autobus. Il est donc normal, dit-elle, que les transporteurs cherchent à positionner leurs autobus le plus près possible du premier passager.

«Comme personne n’est en mesure de dire ce qui nous pend au-dessus de la tête et qu’on ignore à quoi pourraient ressembler les exigences gouvernementales de 2017, il est important de se garder un peu de flexibilité. On a cependant offert de ne pas changer déplacer les stationnements d’autobus sans en avoir discuté avec le syndicat et sans avoir obtenu au préalable l’approbation du PDG de l’entreprise», signale la porte-parole de la partie patronale.

Mme Langlois fait également valoir que la cour et le bâtiment de Bedford, où sont stationnés les véhicules de la filiale Autobus ABC, appartiennent à Transport scolaire Sogesco.

«Dans ce contexte, il est permis de se demander si la compagnie aurait vraiment intérêt à les déplacer», renchérit-elle.