Mauvaise surprise pour un Farnhamien
Un résidant du chemin Curé-Godbout à Farnham a eu une mauvaise surprise, ce matin, quand le niveau d’eau de la Yamaska s’est mis à monter de façon soudaine. D’immenses blocs de glace ont alors quitté le lit de la rivière pour s’échouer dans les premiers rangs de vignes de sa propriété. Quelques arbres ont également été écrasés ou écorchés au passage.
«Ça fait déjà plusieurs fois, depuis trois ans, que l’eau de la rivière inonde une partie de mon petit vignoble de 2 500 plants. Les inondations se produisent aussi bien en hiver qu’en été. Mais je n’avais encore jamais eu de problèmes avec les glaces avant ce matin», indique le propriétaire riverain, Vincent Renaud, d’un air découragé.
Le Farnhamien n’en est pas à une mauvaise expérience près. Lors de la crue des eaux de l’hiver 2012, ce dernier avait perdu 22 dindes sauvages et réussi à en sauver une dizaine d’autres in extremis. L’inondation s’était produite un mois après la construction, à une vingtaine de pieds du rivage, d’un petit bâtiment destiné à abriter les volailles.
M.Renaud travaille actuellement à l’aménagement d’un nouvel abri sur une portion de terrain surélevée. «J’ai fait transporter 350 voyages de terre au milieu de mon terrain, là où il est permis de le faire. Il n’est cependant pas possible pour moi d’ériger un talus entre la rivière et le vignoble, car le ministère de l’Environnement interdit ce genre de pratique aux abords d’un cours d’eau», précise-t-il.
Le jeune éleveur-vigneron a également perdu les argousiers qu’il avait plantés en bordure de la rivière pour contrer l’érosion du sol. «J’avais acheté pour 1 000 $ de boutures, mais tout a été lessivé par une inondation», ajoute-t-il.
À qui la faute?
Vincent Renaud, qui habite le chemin Curé-Godbout depuis 2007, dit avoir été épargné par les inondations pendant les deux premiers hivers.
«Le pire, c’est que la nature n’est pas seule en cause. Le problème est notamment attribuable au contrôle du débit de la rivière exercé par les municipalités situées en amont de Farnham. Il faut croire que le sort de quelques petits propriétaires riverains ne pèse pas lourd aux yeux des autorités», affirme le principal intéressé.
Ce dernier soutient que la crue des eaux est mal gérée par les autorités concernées. «Les autorités attendent trop longtemps avant d’ouvrir les barrages et laissent passer trop d’eau dans un court laps de temps. Pourquoi ne pas prendre des mesures préventives et abaisser le niveau des cours d’eau quand on prévoit un redoux et/ou de fortes pluies, comme cela a été le cas ces derniers jours?», se demande-t-il.
Invité à commenter la situation, le maire Josef Hüsler tient d’abord à préciser que la Ville de Farnham n’est pas en mesure de contrôler le débit de l’eau de la rivière Yamaska. «Il n’y a aucune façon pour nous de contrôler, de façon mécanique ou manuelle, le volume d’eau qui s’écoule au barrage du secteur de l’usine Tarket ou au barrage situé près de la passerelle Eva-Dulude. Et même si c’était le cas, je ne suis pas certain que Saint-Césaire apprécierait que Farnham ouvre les valves pour éviter que l’eau inonde une partie de de son territoire», indique le maire.
M.Hüsler ajoute que les autorités municipales de Granby prennent le temps d’aviser leurs homologues de Farnham lorsqu’elles décident d’ouvrir les valves du barrage Choinière. «Le surplus d’eau nous arrive généralement six ou huit heures plus tard», précise-t-il.
Les autorités de Farnham ont reçu un appel de Granby, mardi matin, vers 10 heures. Au dire de M.Hüsler, la montée soudaine du niveau de la rivière Yamaska, mercredi matin, ne saurait être attribuable à cette opération.
«Si la crue des eaux était survenue vers 18 heures hier soir, je pourrais comprendre. Il m’est cependant difficile de croire que le volume d’eau délesté du barrage Choinière, mardi matin, puisse nous affecter mercredi matin, soit 24 heures plus tard. Il y a certainement autre chose», poursuit le maire.
Selon ce dernier, un embâcle peut laisser écouler une importante quantité d’eau en cédant soudainement.
Josef Hüsler prend également soin de rappeler qu’il y a des risques à s’établir en zone inondable. «Chez moi, dit-il, je ne laboure plus les zones inondables depuis longtemps.»
Le maire de Farnham attribue par ailleurs une partie des problèmes d’inondation à l’accumulation des sédiments au fond des cours d’eau. «On devrait pouvoir retirer les sédiments des cours d’eau, mais les gens du ministère de l’Environnement voit les choses d’un autre œil», poursuit M.Hüsler.