Plus bas niveau d’eau depuis 17 ans
Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas à Venise-en-Québec. Alors qu’il y a un an le lac Champlain débordait dans la baie Missisquoi, le niveau du bassin d’eau a atteint le plus bas niveau en 17 ans cette année.
À la même époque l’an dernier, la région tentait tant bien que mal de se relever d’une crue historique. Douze mois plus tard, l’allure du lac Champlain est complètement différente. Grèves asséchées, quais inutilisables et embarcations échouées ; le portrait qui s’offre aux visiteurs sur l’avenue de Venise est bien différent cette année.
Bien que les résidents et adeptes d’activités nautiques rencontrés s’entendent pour dire que le niveau d’eau a déjà été très bas dans le passé, ils s’entendent tous pour dire qu’une telle situation a rarement été constatée en juillet.
«Nous avons déjà connu le lac à ce niveau, mais c’était à la fin du mois d’août, indique la propriétaire du camping Plage Kirkland, Christa Baertschi. Cela ne nous cause pas de problème. La plage a été nettoyée.» Ses clients semblent même apprécier cette étendue de sable prolongée. Plusieurs en profitent pour installer leur chaise dans l’eau peu profonde. Les jeunes familles jouent avec les enfants sans crainte. Les bambins s’en donnent à cœur joie avec les pelles et les chaudières.
À quelques kilomètres de là, le portrait est toutefois bien différent. Au parc Jameson, les plantes aquatiques sèchent sous le soleil. Une forte odeur s’en dégage. Une poignée d’amateurs seulement osent aller se tremper les pieds au loin. «L’eau est chaude, ça fait du bien. On profite de la journée», souligne Iannick Faubert, un résident de Saint-Jean-sur-Richelieu.
«C’est un peu dégueu, mais on s’en fout», ajoute Rosemarie Chase.
Bateaux
Outre les baigneurs, les plaisanciers et les propriétaires de bateaux doivent s’adapter au bas niveau de l’eau. La directrice générale des Croisières du lac Champlain, Samantha Baertschi, affirme que la navigation se fait sans problème, à condition d’être prudent. L’accostage est toutefois plus délicat.
«La situation nous a causé un problème aux quais de Venise-en-Québec et à Philipsburg. Il a fallu éloigner le bateau. Nous avons construit de nouvelles passerelles qui flottent et qui s’adaptent au niveau du lac.»
Exceptionnelle
Si on en croit les statistiques d’Environnement Canada, la situation est toutefois exceptionnelle. En date du 21 juillet, la hauteur de l’eau s’élevait de 4,46 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est 67 centimètres de moins qu’à pareille date, l’an passé.
Si on remonte dans le temps, le lac Champlain a rarement connu situation similaire. En fait, les riverains ont vécu quatre étés semblables en cinquante ans (1965, 1980,1991 et 1995). C’est l’été 1965 qui détient le record, alors que la hauteur de l’eau atteignait 4,19 mètres au-dessus du niveau de la mer, le 21 juillet.
Cette année, le phénomène est assez simple à expliquer. Lesfaiblesprécipitations de neige en hiver, peu de précipitations au printemps et la canicule estivale sont les grands responsables de la présente situation.
Pas d’inquiétude
Alors que certains cours d’eau sont sous haute surveillance ailleurs en province, le lac Champlain ne suscite pas d’inquiétude.
«La rivière Richelieu et la baie Missisquoi ont une chance inouïe, commente le biologiste du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Pierre Dumont. Elles sont alimentées par un immense réservoir. Elles sont naturellement revitalisées. Il n’y aura pas de manque d’eau, comme pour la rivière Yamaska par exemple, qui a présentement le débit d’un ruisseau.»
Ce dernier souligne que la faune ne souffre pas de cette situation. Les poissons, comme la perchaude, le brochet ou le crapet-soleil, qui se reproduisent en eau peu profonde ont déjà frayé.
«La situation aurait été plus dramatique au printemps, alors qu’ils profitent de la plaine inondable pour pondre leurs oeufs. Présentement, il n’y a pas de menace», conclut Pierre Dumont.