Roger Nadeau revisite l’histoire de Farnham
HISTOIRE. Si certains amateurs d’histoire et historiens amateurs nous en avaient déjà appris beaucoup sur Farnham, le géographe Roger Nadeau va encore plus loin en brossant un portrait très documenté de cette municipalité agricole et industrielle de 8 739 habitants.
Au printemps 2015, Roger Nadeau, Bedfordois d’origine et professeur de l’Université de Sherbrooke à la retraite, acceptait de relever un nouveau défi à l’invitation de l’auteur, journaliste et conférencier Normand Cazelais. Il allait s’attaquer à l’histoire de Farnham, une municipalité dont il avait entendu parler comme un peu tout le monde sans vraiment la connaître.
«La maison d’édition Fides lance une collection sur les villes du Québec. Il y sera notamment question de Farnham et d’une quarantaine d’autres municipalités québécoises. S’il existe beaucoup d’ouvrages sur les grands centres, on ne trouve malheureusement pas grand-chose sur les centres régionaux de plus petite taille. La nouvelle collection vise précisément à combler cette lacune», indique M. Nadeau.
Homme rigoureux et méthodique s’il en est un, Roger Nadeau a d’abord pris soin de consulter tout ce qui s’est écrit sur Farnham. À commencer, bien sûr, par les ouvrages d’Alban Berthiaume et de sa fidèle complice, Marcelle Desnoyers.
Il a par la suite réalisé une série d’entrevues formelles et informelles avec une dizaine de personnalités locales, puis avec de simples citoyens ayant à cœur la petite histoire de leur patelin.
Le manuscrit de Roger Nadeau, que <I>L’Avenir & Des Rivières<I> a eu la chance de consulter, doit être remis à l’éditeur sous peu.
«Il ne s’agissait pas ici de produire un ouvrage savant très poussé, pour lecteurs avertis seulement, mais un document destiné à faire mieux connaître le vécu et la réalité de Farnham à la population en général», signale l’auteur dans son avant-propos.
Un bref aperçu
En bon géographe, Roger Nadeau s’intéresse notamment à la dernière glaciation qui a modelé le relief de Farnham et de la grande région de la baie Missisquoi (terres fertiles et forêt de 8 000 ans). Il évoque également au passage l’occupation furtive du territoire par les Amérindiens et l’immigration des colons américains restés fidèles à la Couronne britannique (loyalistes) avant de s’attarder à l’arrivée des Canadiens-Français dans les Cantons-de-l’Est.
L’auteur se penche par ailleurs sur les débuts de l’industrialisation à Farnham puis le déclin de ce secteur d’activité. Un large chapitre met en lumière le rôle de premier plan joué par les entreprises ferroviaires dans le développement de cette localité.
«Cette formidable aventure – celle du rail – a donné à Farnham presque un siècle de prospérité. Il fut un temps en effet où le train fut le gagne-pain de plus de 1 000 personnes… ce qui revient à dire qu’à la fin du XIX<V>e<V> siècle, à peu près tout le monde travaillait de près ou de loin pour le chemin de fer», indique Roger Nadeau.
Une histoire de Farnham ne saurait être complète sans un retour sur le rôle joué par le terrain de 1 300 acres ayant tour à tour servi de camp d’entraînement pour la cavalerie et l’infanterie, de ferme expérimentale (tabac et betterave à sucre), de camp d’internement pour les prisonniers de guerre et, enfin, de centre d’entraînement pour les élèves officiers.
M. Nadeau s’est aussi interrogé sur les raisons expliquant l’abandon d’une partie des activités ferroviaires du CP (déménagement des ateliers à Montréal) et du projet d’implantation d’un aéroport international sur le site de la Garnison de l’Estrie (Farnham écartée au profit de Saint-Scholastique). Deux grandes occasions ratées aux yeux de l’enseignant universitaire à la retraite.
L’histoire de Farnham, c’est également une série d’incendies marquants (centre-ville, hôpital, collège, etc.), la construction d’un église aux dimensions de cathédrale décorée par Ozias Leduc et les multiples chapeaux portés par le patriote et premier maire de la municipalité, Louis Bourdon, à son retour d’exil.
Un récit passionnant, mais sans artifice, qui ne laissera personne indifférent!