Saint-Armand se souvient de la communauté noire

PATRIMOINE. Répondant à l’invitation de Guy Paquin, plusieurs dizaines de personnes étaient réunies dans le secteur Philipsburg, le mois dernier, pour l’inauguration de trois panneaux commémorant la présence d’une petite communauté noire dans la seigneurie de Saint-Armand à la fin du 18e siècle et au début du 19e siècle.

Les recherches effectuées par Heather Darch, ancienne conservatrice du Musée du comté de Missisquoi, et par Guy Paquin, citoyen de Saint-Armand, aux Archives nationales du Québec, démontrent que ces hommes, femmes et enfants, arrivés au cours des années 1780 et 1790 avec les Loyalistes américains, ont pour la grande majorité obtenu leur liberté et se sont installés au Bas-Canada (le Québec d’aujourd’hui), où ils ont vécu comme travailleurs journaliers agricoles.

Les noms de ces personnes apparaissent notamment dans des documents d’archives, actes notariés, certificats de baptême ou de mariage. On retrouve également leurs noms dans les cahiers de comptabilité de deux marchands de la seigneurie de Saint-Armand.

Trois panneaux

Le premier panneau dépeint le sort des esclaves noirs au Bas-Canada.

Le second présente certains des Noirs libres de la seigneurie, comme Morris « The Black Man » achetant un violon au magasin général de Philipe Ruiter en 1798. On y parle également de la famille d’Hannah Giles baptisée par le révérend Charles Stewart, de l’Église d’Angleterre, en 1809. Le document nous met par ailleurs en contact avec Justus Billings, un électeur frauduleux abonné au whiskey d’élection.

Le troisième et dernier panneau fournit de précieux renseignements sur les voies de la liberté, l’abolition de l’esclavage par les États de la Nouvelle-Angleterre et l’Underground Railroad, un réseau routier clandestin utilisé par les esclaves afro-américains fuyant vers la liberté jusqu’au Canada avec l’aide des abolitionnistes qui adhéraient à leur cause.

Le projet a été réalisé sous l’égide de l’organisme à but non lucratif Festifolies en Armandie et avec le soutien du ministère de la Culture et des Communications du Québec.

Valeur des esclaves noirs vers 1800

Charlotte, 40 ans : 1500 $

Thomas, 9 ans : 6200 $

François, 45 ans : 13 000 $

Sara, 45 ans : 17 000 $

Antoine, 28 ans : 17 500 $

-La valeur des esclaves variait beaucoup selon l’âge et les capacités de chacun.