Système de santé: une infirmière en colère prend la parole

SANTÉ. Après un an de recherches, lectures, réflexions et questionnements, Lyne Laroche lance «Une infirmière en colère», un essai sur le système de santé au Québec.

Infirmière de profession, Mme Laroche a œuvré pendant une trentaine d’années au Centre hospitalier de Granby (CHG) avant de quitter le réseau public à la suite d’un différend avec une directrice de service. Elle travaille maintenant au privé

«Ce livre n’est pas dicté par la vengeance, ni par le ressentiment qui pourrait m’habiter depuis mon départ du système (…) Je voudrais cependant qu’il soit l’expression de mon implication sociale et humaine, un cri d’alarme générale ayant pour but ultime le mieux-être des gens (…) J’aimerais que ce livre ait les mêmes effets qu’une roche lancée dans l’eau: qu’elle provoque des ronds que l’on voit aller en s’agrandissant… et des effets sous l’eau, qu’on ne voit pas: des changements en profondeur», précise l’auteure originaire de Sainte-Sabine.

Des pistes de solution

Lyne Laroche est bien consciente qu’il n’y a pas de recette miracle pour améliorer le système de santé au Québec, éliminer le gaspillage, éviter les erreurs de médication et autres fautes professionnelles, raccourcir les délais en chirurgie et réduire les files d’attente à l’urgence.

À ses yeux, toute réforme digne de ce nom doit nécessairement passer par une diminution du nombre de cadres de l’ordre de 20 % et une augmentation du personnel dans les mêmes proportions.

Mme Laroche soutient également que tous les intervenants du réseau, y compris les gestionnaires et les fonctionnaires, devraient être tenus légalement responsables de leurs décisions.

«Le personnel en place est le mieux placé pour apporter des solutions ingénieuses aux problèmes quotidiens, que ce soit l’organisation du travail, l’utilisation du matériel, les horaires des Fêtes… Il faut seulement créer une tribune où tous se rejoignent sans bureaucratie et sans hiérarchie démesurée», ajoute Mme Laroche.

Cette dernière croit par ailleurs qu’il faut couper les primes de rendement, récupérer l’argent caché, favoriser l’osmose entre les enveloppes budgétaires et instaurer une comptabilité ouverte et surveillée.

«J’ai confiance que la pression populaire, exercée avec respect sur les élus, les oblige, malgré eux, à modifier leurs comportements froids et calculateurs pour devenir plus humains dans leurs façons de gérer.»

Conditions de travail

Lyne Laroche affirme que les infirmières sont le pilier du système de santé au Québec et se dit convaincue qu’une grande majorité des membres de la profession ayant quitté le réseau public y reviendrait avec plaisir si on apportait de réelles améliorations à leurs conditions de travail. En mettant fin à «l’utilisation abusive» du temps supplémentaire par exemple.

Citant une recherche gouvernementale sur les politiques en matière de santé, Mme Laroche signale que «les conditions de travail difficiles minent l’aptitude du système à recruter et à maintenir en poste son effectif infirmier, sans compter qu’elles affectent la qualité des soins dispensés aux patients».

Lyne Laroche a peut-être perdu ses illusions de jeunesse, mais a toujours la vocation.

«Être infirmière, c’est le plus beau métier du monde. Encore faut-il avoir le temps de se parler quand on travaille et, surtout, avoir le temps de communiquer avec nos patients», insiste-t-elle.

L’auteure de l’essai «Une infirmière en colère», Lyne Laroche, procédera à une séance de signature, le dimanche 27 mars de 10h30 à 13h30 au centre municipal de Ste-Brigide, dans le cadre du brunch de Pâques. Les personnes désirant manger sur place doivent réserver, car aucun billet ne sera vendu à la porte. Info. : 293-5729.

 

Extraits de «Une infirmière en colère»

. À propos de la multiplication des acronymes: «Monsieur le ministre Barrette, je vous mets au défi de nommer à quoi correspondent 10 % des sigles et acronymes de votre ministère.»

. À propos du travail dans le secteur privé: «De plus en plus d’infirmières quittent le système hospitalier car elles veulent les avantages offerts par les agences de placement: meilleur salaire, choix de l’horaire, etc.»

. À propos du stress extrême: «Ironiquement, quelques fois, ce sont nos propres patients qui nous remontent le moral quand ils nous voient courir dans la salle d’observation.»

. À propos des primes de rendement: «Les vacances ou les absences ne sont pas remplacées d’avance. Ainsi, le gestionnaire économisera, le jour venu, s’il y a peu de patients présents. Et si les patients sont plus nombreux que prévu, il économisera quand même, car il n’y aura pas de personnel pour combler les besoins!»