Un pompier de Farnham se suicide

SOCIÉTÉ. Jocelyn Lapointe, un pompier qui cumulait 28 années de service à la brigade de Farnham, s’est enlevé la vie, le 5 mai dernier. Son fils Pascal, ex-sapeur farnhamien, met en cause le climat à la caserne. De leur côté, la direction et le syndicat apportent des nuances et indiquent que l’atmosphère s’améliore au poste d’incendie de la rue Principale Ouest.

«Les conditions à la caserne ne sont pas 100% la cause [de son suicide], mais c’est plus que 50%, ça oui», lance Pascal Lapointe, le fils de Jocelyn Lapointe, décédé à l’âge de 56 ans.

Pascal Lapointe confie que son père ne pouvait plus vivre dans des conditions de la sorte. «Il a été pompier toute sa vie, mais il n’en pouvait plus. Il y a eu beaucoup de congédiements et des coups montés», ajoute M. Lapointe. Ce dernier relate que son père lui écrivait un texto chaque fois qu’il allait au feu pour faire part de son mal-être. Farnhamien toute sa vie, Jocelyn Lapointe aurait même enclenché des démarches pour déménager à Shefford, indique son garçon.

Pascal Lapointe, qui avait été suspendu de la brigade avant de conclure une entente avec son employeur en décembre dernier, indique avoir dévoilé «tout ce qu’il savait», à la responsable des ressources humaines de la Ville de Farnham. Il a agi ainsi dans l’espoir «de sauver les autres. Il va en avoir d’autres départs et d’autres congés de maladie.»

D’autres problèmes

Le directeur du Service de sécurité incendie de Farnham, Mario Nareau, indique que le climat à la caserne s’améliore et qu’il est relativement bon. «Je trouve que ça va. Il n’y a pas de problème. On a vécu le décès d’un pompier récemment. Tout le monde est allé ensemble aux funérailles de Jocelyn», dit-il. Le directeur Nareau n’a pas lu la lettre de M. Lapointe, mais est convaincu que son décès n’est pas relié avec le climat de travail. M. Nareau fait plutôt référence à une séparation récente.

«Jocelyn était très aimé à la caserne», ajoute Mario Nareau. Ce dernier a d’ailleurs publié sur sa page Facebook un touchant mot à la mémoire du pompier Lapointe. «Nous ne t’oublierons jamais Jocelyn. Ta présence nous a rendus meilleurs. Je peux déjà te faire une promesse: demain, quand l’alarme sonnera, c’est pour toi que nous foncerons tous parce que tu étais un brave parmi les braves», écrit M. Nareau.

Nuances

La partie syndicale, de son côté, nuance les causes du décès du sapeur Lapointe. «Je ne veux pas entrer dans les détails par respect, mais M. Lapointe avait d’autres problèmes et il est parti avec ses secrets. Le climat à la caserne n’est pas tout en lien avec son suicide, mais c’est peut-être une partie du problème», note Sylvain Piteau, conseiller syndical au Syndicat des pompiers du Québec, responsable de la section Farnham.

«Il y a eu une cassure au cours des deux dernières années avec des congédiements et plusieurs gars convoqués en discipline. Quand il y a une cassure [de la sorte], c’est naïf de croire que ça va s’arranger d’un coup de baguette magique», ajoute M. Piteau.

Il souligne toutefois le travail du directeur Mario Nareau. «Il travaille fort pour avoir un bon climat de travail. Sa volonté est là, mais ce n’est pas un magicien, c’est un gestionnaire. C’est un gars qui est capable de rassembler ses troupes», poursuit Sylvain Piteau. Il se dit confiant pour l’avenir, que le problème «est en voie de guérison» même si certaines «blessures ne cicatriseront pas».