Une nouvelle vocation pour près de 300 églises du Québec
Mutées en centres communautaires, bibliothèques, salles de spectacle ou immeubles à logements, les églises du Québec, incluant notre région, ont subi de multiples changements de vocation ces dernières années. Depuis une décennie, 285 de ces lieux de culte ont été transformés ou sont sur le point de l’être dans la province, révèlent des données obtenues par TC Media.
La majorité de ces églises ont été converties, d’après une compilation scrupuleuse du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ), un organisme à but non lucratif qui veille à la conservation et la mise en valeur des biens et des immeubles de l’Église.
Du côté de Granby, deux églises catholiques désaffectées ont été acquises par la Ville.
L’église Assomption, située rue Saint-Charles Sud, a été achetée en 2004. Elle a été transformée en centre récréatif qui accueille le groupe de gymnastique les Hirondelles et les adeptes de pétanque.
En 2008, Granby a réitéré en acquérant l’église Saint-Benoît, rue Saint-Antoine Nord, qui était en vente depuis des années, afin de transformer son presbytère en centre communautaire.
Les importantes rénovations sont allées bon train au cours des derniers mois. Près de 300 fenêtres ont été changées, et un ascenseur y a été aménagé sur les trois étages, entre autres.
La quinzaine d’organismes qui s’y installeront, incluant l’ŒIL, Orientation jeunesse, Dynamique des handicapés Granby et région (DHGR), et Albatros, sont actuellement en plein déménagement, a-t-on pu constater en visitant les lieux.
La Corporation de développement communautaire (CDC) de la Haute-Yamaska a été chargée de la gestion de ce nouveau centre communautaire pour les cinq prochaines années, indique son directeur général, Sylvain Dupont.
«Mais pour l’instant, on n’a pas touché à l’église ni à la nef», a-t-il souligné lors de notre passage.
L’an dernier, l’église Notre-Dame a été achetée par la Ville de Granby. Si les services religieux sont chose du passé, le temple est maintenant l’hôte de spectacles.
Depuis 2005, l’église Saint-Joseph appartient au CSSS de la Haute-Yamaska, mais elle sert toujours de lieu de culte.
Vocation artistique
L’église anglicane St-John, située au coin des rues Shefford et John-Savage, accueille les bureaux administratifs du Service des loisirs, de la culture et de la vie communautaire de la Ville de Bromont depuis 2006. Elle a aussi été transformée en Centre culturel St-John en 2008.
Du côté de Cowansville, l’église Emmanuel United Church a fermé ses portes en 2010, mais elle sert toujours de lieu de culte religieux, en plus d’avoir été convertie en salle de spectacles.
Tout récemment, la Maison de la culture de Waterloo a établi un partenariat avec l’église anglicane Saint-Luke, lieu de culte considéré immeuble patrimonial, où seront présentés des spectacles à vocation classique.
L’avenir des églises
D’après la professeure titulaire à la Faculté de théologie et des sciences de la religion à l’Université de Montréal et la titulaire de la Chaire religion, culture et société, Solange Lefebvre, le Québec est en avance sur plusieurs pays, notamment européens, lorsqu’il est question de trouver un nouvel usage aux églises.
«On est plus avancé dans la mesure où on en déjà converti, a-t-elle dit. On a assumé déjà le fait qu’il fallait [convertir ces églises]».
Mme Lefebvre a notamment souligné la création de la Fondation du patrimoine religieux du Québec, en 1995, qui est devenue en 2007 le CPRQ, ainsi que le rapport de la Commission de la culture déposé en 2006, Croire au patrimoine religieux du Québec.
Le gouvernement du Québec a en plus consacré près de 275M $ dans la restauration du patrimoine religieux depuis 1995.
En 2006, la Commission de la culture a exhorté le gouvernement du Québec à décréter un moratoire «sur l’aliénation et la modification des bâtiments religieux» afin de prendre le temps de réfléchir à l’avenir des églises.
La ministre de la Culture d’alors, Line Beauchamp, avait refusé en disant que le moratoire serait «un processus lourd et intrusif qui va à l’encontre du droit de propriété».