Une vingtaine de tortues regagnent la rivière aux Brochets

CONSERVATION. Vingt-deux tortues-molles à épines, nées et élevées au Zoo de Granby au cours de la dernière année, ont été réintroduites dans les eaux de la rivière aux Brochets, ce matin à Pike River, dans le cadre d’un programme visant le rétablissement de cette espèce menacée.

Patrick Paré, directeur de la recherche et de la conservation au Zoo de Granby, s’intéresse à la tortue-molle à épines depuis nombre d’années. Son équipe a recueilli 50 nids, incubés 900 œufs et remis à l’eau plus de 625 tortues depuis 2010 afin d’augmenter les chances de survie de cette espèce au statut précaire.

«Les œufs sont prélevés en juin, puis incubés au Zoo pendant 60 jours. Les nouveaux-nés seront par la suite relâchés en août, dans les 48 heures suivant leur naissance. L’an dernier, le ministère de la Faune (MFFP) nous a autorisés à conserver 28 jeunes sujets pendant dix mois afin de leur permettre de prendre du poids et d’être mieux outillés pour faire face aux dangers qui les guettent dans leur habitat naturel. Les tortues remises à l’eau faisaient partie de ce groupe sélect», précise le porte-parole de l’équipe de rétablissement.

Cette année, le nombre de jeunes tortues gardées en captivité pour une période de dix mois grimpera à 40. Quelques sujets seront prêtés à d’autres jardins zoologiques alors que les autres réintègreront les eaux du lac Champlain et de la rivière aux Brochets en juin 2016.

«Le taux de succès de l’éclosion en laboratoire s’élève à 83 %  alors qu’il ne dépasse pas 28 % en nature. Cette méthode préserve les œufs des braconniers et des prédateurs (raton-laveur, grand héron, etc.) et évite les pertes attribuables à l’inondation des sites de ponte par la crue des eaux», signale M. Paré.

La seule population de tortues-molles à épines répertoriée au Québec ces dernières années se trouve à la baie Missisquoi, ce qui en fait une espèce emblématique unique à ce lieu. On en retrouve également dans la section américaine du lac Champlain (baie St.Albans, rivière Lamoille).

«L’emplacement des deux sites de ponte de la baie Missisquoi est gardé secret pour ne pas nuire à la survie de l’espèce», ajoute M. Paré.

Projet pilote à Notre-Dame

Le Zoo de Granby a par ailleurs mis sur pied un programme éducatif afin de sensibiliser la population du secteur ouest de la MRC de Brome-Missisquoi à l’importance de préserver la tortue-molle à épines et son habitat.

Trois bandes riveraines de démonstration ont notamment été installées aux abords de l’hôtel de ville de Notre-Dame-de-Stanbridge afin de permettre aux propriétaires riverains de s’en inspirer pour leurs aménagements en bordure de l’eau. D’autres projets avec les plaisanciers et les marinas devraient également voir le jour en 2015 et 2016.

Ce printemps, le Zoo de Granby a par ailleurs initié un projet pilote à l’école Saint-Joseph (Notre-Dame-de-Stanbridge) avec l’appui financier de la Fondation de la faune du Québec et la complicité de l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi.

Les deux tortues mâles ambassadrices sont arrivées à l’école à la mi-avril et y sont demeurées jusqu’à la mi-juin.

«Les élèves de la classe de 3e et 4e années et ceux de la  classe de 5e et 6e années avaient la responsabilité de les nourrir et de surveiller la température de l’eau. Les enfants ont pris soin de Billie et Oliveau à tour de rôle par petits groupes», résument les enseignantes Sarah Tropper et Nancy Francoeur.

Louis Lazure, un biologiste du Zoo, est par ailleurs allé rencontrer les élèves pendant six semaines en leur proposant des thématiques reliées à biologie et à la conservation de la tortue-molle à épines. Des activités en lien avec l’expo-sciences ont également permis aux jeunes d’en apprendre davantage sur le monde fascinant des tortues.

Les instigateurs du projet entendent répéter l’expérience l’an prochain.

«À l’école Saint-Joseph, bien sûr, mais également à l’école Petit Clocher (Clarenceville). L’école Notre-Dame-de-Lourdes (Saint-Armand) sera elle aussi approchée», précise M. Paré.