Voie ferrée à vendre
La compagnie Chemin de fer Montréal, Maine & Atlantique (MMA) souhaite se départir du tronçon de 24 milles reliant Farnham à Sainte-Rosalie, mieux connu sous le nom de subdivision Saint-Guillaume. Les acheteurs potentiels ont jusqu’à la mi-juin pour faire connaître leurs intentions.
«Si personne ne se manifeste d’ici là ou si aucune entente n’est conclue dans les six mois suivant la date limite, la ligne sera offerte au gouvernement fédéral, au gouvernement provincial, à l’administration de transport de banlieue pertinente et aux municipalités dont la ligne franchit le territoire, chaque instance disposant de 30 jours pour accepter l’offre. À défaut d’une entente, l’exploitation de ce tronçon de ligne ferroviaire cessera», résume Madeline Mulholland, directrice de l’exploitation commerciale chez MMA.
Le premier quart-de-mille de la subdivision Saint-Guillaume, qui relie la cour de triage de Farnham (point milliaire 0) et la rivière Yamaska (point milliaire 0,29), demeurera en opération pour accommoder la Meunerie Robitaille.
«Les entreprises F. Ménard et Meunerie Côté Paquette, d’Ange-Gardien, continuent de faire appel à nos services, mais sont maintenant desservis à partir de Mont-Saint-Grégoire. Les arrangements ont été pris l’été dernier, lors de l’arrêt des activités entre les points milliaires 0,29 (limite sud) et 24,70 (limite nord)», signale l’ingénieur industriel Gabriel Tessier.
Coût de réfection importants
Le tronçon Farnham-Sainte-Rosalie a connu ses heures de gloire au siècle dernier, avant que le transport par camion ne gruge une importante part de marché du transport ferroviaire.
«Dans les bonnes années, la subdivision Saint-Guillaume était utilisée à tous les jours», précise M.Tessier, qui a lui-même travaillé pour le Canadien Pacifique (jusqu’en 1996), puis pour Bangor & Arostooke (jusqu’en 2003), avant la revente des installations à MMA.
Le directeur des ventes et du marketing chez MMA, Christophe E. Journet, laisse entendre que la subdivision Saint-Guillaume est en mauvais état et qu’une mise à niveau nécessiterait des investissements importants.
Dans une lettre de mars 2012 au ministre des Transports, Denis Lebel, le président et chef exécutif de MMA, Robert C. Grindrod, laisse entendre que la remise en état de la subdivision Saint-Guillaume coûterait plus de 2,5 M $. Cette évaluation n’inclut pas le remplacement des sept ponts desservant cette partie de ligne.
Pertes de revenus
Christophe E.Journet signale que le volume d’affaires du tronçon Farnham-Sainte-Rosalie n’était pas suffisant pour justifier des investissements d’une telle ampleur.
«La subdivision Saint-Guillaume desservait un petit bassin de bons clients, mais son potentiel de développement était très limité. Nous n’avons eu vent d’aucun projet d’implantation d’entreprises dans le secteur au cours des dernières années», explique-t-il.
L’ingénieur Tessier ajoute que le tronçon Farnham-Sainte-Rosalie n’était plus en mesure d’accueillir des wagons citernes transportant des produits inflammables et autres matières dangereuses en raison de son mauvais état. Cette situation privait MMA d’une source de revenus non négligeable.
Mme Mulholland et M. Tessier laissent par ailleurs entendre que la baisse des tarifs sur l’interconnexion des chemins de fer (interswitching rates), décrétée par l’Office des transports du Canada il y a trois ou quatre ans, a par ailleurs privé MMA d’une autre partie de ses revenus.
Le PDG de MMA abonde dans le même sens…
«Une très forte proportion (81,3 % en 2011) du trafic sur ce tronçon de ligne est assujettie aux tarifs sur l’interconnexion. Ces bas tarifs ne permettent pas à MMA de toucher les revenus nécessaires pour garantir le maintien des hauts standards de qualité et la sécurité des opérations sur des bases à moyen et long termes», précise M. Grindrod dans sa lettre adressée au ministre Lebel.